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Ces fleurs qui tuent

Cherry Dodd

Quelle surprise j’ai eue récemment lorsque j’ai découvert que je tuais possiblement (et bien malgré moi) les abeilles et pollinisateurs qui venaient me visiter.  Je n’en suis pas très fière, en fait, mais je vais quand même avouer et vous en expliquer la raison.

Ce printemps, j’ai visité une amie à Vancouver. Les fleurs printanières étaient florissantes et mon amie, une jardinière passionnée, m’a montré son jardin avec fierté. Les crocus, les perce-neiges et les jonquilles étaient tous en fleurs, et les tulipes s’apprêtaient à éclore.

Elle a m’a également montré les pensées jaunes soleil qu'elle venait d’acheter en vente chez son centre de jardinage local. « Leur as-tu demandé s’ils font pousser leurs propres plantes? » ai-je demandé.  J’avais fait quelques recherches au cours de l'hiver après qu’une de mes amies ait trouvé des abeilles mortes et d’autres mourantes dans son propre jardin, l'été dernier, et je lui partageais mes conclusions.

De nombreux centres jardin ne font pas pousser leurs propres plantes, mais les font venir de grands cultivateurs commerciaux. La plupart des cultivateurs commerciaux utilisent des insecticides néonicotinoïdes (communément appelés néonics) afin de s’assurer qu'ils n’expédient pas d’insectes indésirables en même temps que les plantes.

Normalement, avec la plupart des insecticides, ce ne serait pas un problème, mais les néonics sont conçus pour être absorbés par la plante, de sorte que toutes les parties de cette plante deviennent vénéneuses. Les plantes vendues dans les centres jardin sont généralement en pleine floraison, ce qui signifie que leur nectar et leur pollen sont toxiques pour les abeilles, les papillons et les autres insectes bénéfiques.

Mon amie était horrifiée. Elle ignorait totalement qu’elle pouvait accidentellement empoisonner les insectes mêmes qu'elle tentait d'attirer. Donc, nous avons décidé de revenir au centre jardin pour obtenir plus d'informations. Les employés des ventes ne pouvaient nous aider, mais ils ont téléphoné au gestionnaire.

Oui, les pensées avaient été cultivées ailleurs, a-t-il dit, et il était désolé mais il ne savait pas si elles avaient été traitées aux néonics. Il a expliqué que Santé Canada permet aux cultivateurs commerciaux d’utiliser une longue liste de pesticides. Il n’existe pas de loi les obligeant à identifier les produits qu’ils utilisent, de sorte qu'ils ne sont en aucun cas obligés de divulguer ce genre d’information. Et oui, il avait bien quelques plantes biologiques, mais c’était pour la plupart des légumes.

Nous sommes retournées tristement à la maison, et mon amie a déterré ses pensées et les a mises à la poubelle. Elle ne voulait pas prendre de chance. Elle a également réalisé qu’il était impossible de les composter puisque les néonics prennent plus d'un an à se dégrader dans le sol.

Maintenant que la neige a fondu, je fais la même chose dans mon jardin. J’ai déterré les plants que j’y avais mis l’automne dernier et je me suis demandée ce que je devais faire, à ce point.

Habituellement, j’obtiens la plupart de mes plantes à partir d’échanges de vivaces, dans les marchés locaux ou d’amis et de voisins, et j’en plante quelques-unes à partir de semences, mais le centre jardin exerce sur moi ce qu’un magasin de bonbons exerce sur un enfant.

L'année dernière, Home Dépot a promis d’éliminer progressivement l'utilisation des néonics sur leurs plantes et d'étiqueter toutes plantes ayant été traitées avec des néonics. Plus récemment, Lowes et Rona ont fait des annonces similaires. Si ces sociétés font en effet ce qu'elles disent, alors je serai leur prochaine cliente.

Je vais aussi être à la recherche d’endroits où l’on vend des plantes biologiques. Et si je finis dans un centre jardin, je vais m’assurer de leur demander s’ils cultivent leurs plantes à partir de semences, et si elles sont sans néonic. Je vous invite à faire de même. Les choses ne changeront pas tant que les clients des centres de jardinage et les cultivateurs commerciaux n’entendront pas de la bouche des consommateurs que l’utilisation de ces pesticides n’est plus acceptable.

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De Cherry Dodd est l'une des membres fondateurs du Groupe des plantes indigènes d’Edmonton (Edmonton Native Plant Group).

 

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