Seeds of Diversity
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La monstrueuse courge Gila de Skye Glen

"Faites ce que vous pouvez avec ces semences, elles semblent mortes de toute façon."

Angie Koch, coordonnatrice de la Bibliothèque des semences, n’était pas très optimiste face aux semences de courge c. mixta qu'elle me donnait. Notre groupe d'agriculteurs du Cap-Breton s’était porté volontaire pour aider à renouveler la collection de la Bibliothèque des semences des cucurbitacées, et je n’étais pas trop positive non plus face à l’état des quelques graines que je tenais au creux de ma main.

Outre le fait que le Cap-Breton n’est pas reconnu pour les longs étés chauds et secs dont ont besoin la plupart des c. mixta, les vingt graines de courge « Gila Cliff-Dweller » - tout ce qui existait dans la collection - étaient sèches et craquées, certaines même purement et simplement divisées en deux. Nous avions convenu que je pouvais compléter avec quelques semences achetées, mais je n’avais trouvé que deux petites entreprises qui offraient la variété Gila Cliff-Dweller, mais elles ne répondaient pas à mes appels.

L’année passée, nous avions des jardiniers qui se sont portés volontaires pour faire pousser des courges, des concombres et des melons pour notre Bibliothèque de semences canadiennes, et nous avons été très heureux de recevoir des paquets de semences fraîchement cultivées à l’automne. Cette année, nous mettons l’accent sur les légumes biennaux, et recherchons des spécialistes de cette culture. Pour plus d’infos, contactez angie@seeds.ca.


«Ok les filles, ai-je dit aux semences décrépites. « On va se contenter de vous!»

Ces courges avaient initialement été cultivées par les premiers habitants vivant dans les environs du Monument national Gila (prononcé "hee-la") au Nouveau-Mexique, célèbre pour les grottes de ses falaises qui abritaient les tribus des intempéries et des groupes voisins hostiles.

Bien entendu, Cap-Breton, bout de terre pointant dans l'Atlantique Nord, est très éloigné du Nouveau-Mexique! J’avais besoin de donner à ces semences le meilleur départ dont j’étais capable. Nous ne pouvons pas mettre en terre des courges, ici, avant le début de juillet, et nous pouvions avoir des gelées dès le début de septembre.  J’ai donc planté soigneusement, à la fin mai, chaque graine dans son propre bloc de terre et les ai placées sur un tapis chauffant. À partir de ce moment, ce fut un combat de tous les jours.  Il fallait humidifier régulièrement les blocs afin qu'ils ne se dessèchent pas. J’ai été estomaquée lorsque 14 des 20 semences se sont mises à germer. Elles semblaient vouloir justifier ma foi fragile en elles. Par la suite, les plants sont devenus rapidement trop volumineux pour leur bloc de deux pouces. J’ai donc augmenté le compost et je les ai transplantées dans un bloc rarement utilisé de quatre pouces. À la fin de juin, les plants étaient énormes, avec de grandes feuilles tachetées de plus en plus collées contre la vitre – encore un peu plus et  ils auraient exigés la liberté d'expression et le droit à l'autodétermination.


Du côté des graines, j’ai été chanceuse.  Là où le hasard fait bien son travail, c’est que ce fut l’été le plus chaud et le plus sec que nous avons eu en plus de dix ans. Il y a eu peu de pluie en mai et juin et plus rien en juillet. Comme j’ai une bonne structure du sol avec plusieurs niveaux de matière organique, je n’irrigue pas. Les carottes ont fait la moue, quelques variétés de tomates ont pourries sur le plant et les pommes de terre sont tombées en grève. Mais les courges Gila Cliff se sentaient comme chez elles! Je leur avais donné chacune un espace généreux de 10 'x 10', mais à la fin juillet, les plants avaient complètement comblé l’espace. À la mi-août, ils empiétaient sur les oignons au sud et sur les tomates au nord. Je les ai alors renommés « les monstres de Gila ». Au milieu de la journée, le bruit des abeilles ouvrières de la section des cucurbitacées était assourdissant. Des abeilles de toutes sortes volaient au-dedans et au dehors des fleurs dans une sorte d’ébriété, d’état extatique - je ne pourrais pénétrer sur la parcelle en toute sécurité avant 18 heures.

Les fruits eux-mêmes étaient en train de devenir d’une taille impressionnante. Je me suis alors tournée avec impatience vers l'Internet pour voir dans quoi je m’étais encore mis les pieds. Il s’est avéré que ces courges peuvent peser facilement  20 à 30 lbs. J’aurais à réfléchir sérieusement à la manutention post-récolte! J’ai alors commencé impitoyablement l’élagage et l’égrappage des petits fruits dans l'espoir que les semences des plus grands mûriraient suffisamment avant le gel. J’en ai mangé un certain nombre, et je dirais que c’était des courges d’été assez agréables, mais j’ai dû abandonner au bout d’un moment et j’en nourrissais brebis. J’ai ramassé les fleurs et les ai farcies. Puis ces dernières ont fini par nourrir les poulets. Pas de gel en septembre ni au début d’octobre, la chance était encore de mon côté.

Finalement, lors du week-end de l’Action de grâce, les courges monstres avaient une belle peau dure et sonnaient creux lorsqu’on les tapotait. J’ai récolté 29 d'entre elles – ce qui totalise plus  de 600lbs - et les ai entassées dans un coin de mon salon. Aucun ne pesait moins de 15lbs, et la plus grosse, que j’avais affectueusement appelé «Big Mama» et à laquelle je parlais comme à une vraie personne, pesait 33lbs. J’en ai « prêté » quelques-unes à des amis incrédules sur lesquels je pouvais compter pour me retourner les semences. Un ami qui possède la brasserie artisanale Big Spruce a proposé de faire une Ale à la courge Gila et en a pris dix. J’ai fait toutes les recettes possibles que j’ai pu trouver, mais la montagne dans mon salon se dressait encore à la fin de novembre.

Le reste, je le crains, est allé aux vaches et aux brebis, qui - bien qu’elles aiment les bonnes choses- étaient inconscients de la rareté de leur dessert. Nous sommes passés de 20 graines de courge douteuses d’une variété rare et fascinante à une abondante récolte maintenant disponible pour l’ensemble du Canada en une seule saison. Une expérience enrichissante et réussie!

~ Michelle Smith, membre et bénévole à Skye Glen, Cap-Breton

 

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